(chapitre 2)
Chaque soir la brise du Nordhykan venait chanter les deuils des âmes qu'elle amassait. Les hordes de zombies se faisaient de plus en plus massives décimant ainsi un peu plus nos troupes. A l'aube, c'est une détresse infinie qu'enlaçait la jeune Tharass, celle des trolls qui venaient s'écrouler dans ses bras. Que pouvait-elle faire? Sino bailar. Que pouvait elle dire? Sino contestar "no hoy" a la Muerte, unica diosa bajo estos escondrijos. Elle était aussi perdue que tout un chacun, elle arrivait sans doutes juste un peu mieux à le dissimuler chaque jour. La peur est plus tranchante qu'une épée.
Les alchimistes et les forgerons parvenaient tant bien que mal à maîtriser la fragile composition du mithril noir. Nous avions collecté assez de minerai pour forger 6 pièces d'équipement. Elles furent distribuées aux meilleurs guerriers de la troupe. La Mine était telle ces insectes qui vous laissent un répit. Elle ne vous tue pas directement, elle est bien plus cruelle. Elle vous pond ses œufs sous la chair et vous désigne comme le garde manger de ses enfants qui vous dévorent de l'intérieur.
Il y avait bien trop à se préoccuper aux portes du campement avec les zombies pour voir qu'à l'intérieur le pire se tramait.
Nos fameux élus, porteurs du mithril noir, livraient un combat intense. Ils n'arrivaient plus à se défaire des présents occultes que la Mine leur avait confié. Une lute intérieure contre eux même et leur « précieux » faisait rage. On dit qu'il embourbait l'esprit et les poussait à commettre des atrocités, comme commandés par lui. Voilà comment en plein milieu des batailles, nos trolls se faisaient tuer par leurs propres frères, marionnettes du mithril noir. Quelle farce! La Mine de joue de nous.... pensait Tharass.
Un à un, ses frères tombaient. Quand ce n'était par la bouche putride d'un zombie, ou par pétrification c'était par la folie d'un aventurier possédé. Siol, Zutshu et JOKe en avaient fait les frais. Alors on s'acharnait à regret à décapiter les chères têtes de nos élus pour les libérer du pouvoir du mithril de jais, en vain. Le mithril retrouvait sans cesse un porteur. Sans se souvenir avoir ramassé le minerai démoniaque, des trolls s'en retrouvaient équipés, et disait on encore conscients quand ils nous arrachaient notre dernier souffle. MTP ne put rien quand le boulet et chaine d' Eight Legged DJ, notre propre voisin à la Croisée de Faernol, étreignit son cou.
Il fallait se rendre à l'évidence, combattre ne nous sauverait pas, il fallait quitter la Mine sur le champ et s'assurer que le mithril noir y resterait prisonnier. Les alchimistes prévoyait de faire sauter l'entrée de l'extérieur mais manquaient encore de potions à mélanger pour fabriquer le Pékexplosif.
Chacun fut prié de profiter de ses dernières minutes en ces lieux pour raffler tout butin qui méritait d'être emporté, en particulier le nécessaire à l'explosion qui clorait le chapitre des Mines du Nordhykan. On envoya les danseurs se faufiler à travers les cadavres de monstres pour récupérer des potions. Tharass en avait les bras plein quand elle vit Bibi se saisir d'un superbe Haubert de maillle mithril porteur d'une magie du temps. Comment pouvait on blâmer le durakuir, nous étions tous venu pour la gloire ou la richesse et n'avions récolté que des larmes de sang. Bibi chérirait cette armure, il avait bien mérité cette recompense.
Mais voilà que le temps d'un regard bienveillant vers son frère, un autre troll s'était équipé d'un heaume noir. « Fuyeeeeeeeeeeeeeez! » hurla Grum Toc dans un ultime élan de lucidité. Tous prirent leurs jambes à leur cou en direction de la sortie. Tharass haletait dans sa course. Les potions, ils ont besoin des potions pour enterrer ce temple de la Mort! Plus vite petite, tu dois essayer se disait elle pour se donner du courage. La sortie n'était qu'à quelques pas maintenant. Nukomunver et Trollkin filaient vers elle pour réceptionner les précieuses fioles logées dans ses bras. A peine le temps de leur confier que Grum Toc ou plutot l'esprit de la Mine était là.
« Courrez les toms! Je vais délivrer une dernière danse à notre ami. Avec ou sans moi, faites exploser cette foutue Mine! »
La skrimette au cheveux de lune se mit en position, « cette danse doit leur faire gagner du temps, un seul coup et je trépasse ». Souple comme la succube , mobile, elle attendait sur la pointe des pieds l'engagement de son adversaire. Preste comme la marilith il fallait se mouvoir au rythme de la lecture du corps de son cavalier. Anticiper, esquiver. Le skrim était rapide, mais dans ses yeux, rien d'autre que la profondeur du noir de la Mine ne transparaissait. Les zombies rappliquaient, gênant ses déplacements. Sa démarche se faisait de plus en plus sinueuse. « Encore un peu » s'accrochait elle.
On entendit au loin une détonation. L'entrée de la Mine s'effaçait derrière une avalanche de rochers. Le cauchemar prenait fin. Mais elle était condamnée à l'intérieur et lasse des entrechats. A choisir, elle préférait se faner sous un coup véloce et unique de Grum Toc, sans souffrir, plutôt que voir son beau corps se faire dévorer par des morts-vivants. Résignée et calme, elle fit face au skrim et lui tendit les bras. Elle était toute à lui dans la pleine obscurité de la Mine.
"C'est fini! Nous nous sommes tous deux montrés faibles et nous sommes égarés ici, mais la Mine est ensevelie et plus rien n'en ressortira. Ahora me puedes coger amiga. Et Tharass psalmodia:
Mort, j'appelle de ta rigueur,
Qui m'a ma maîtresse ravie,
Et n'es pas encore assouvie
Si tu ne me tiens en langueur
Onc puis n'eus force ni vigueur ;
Mais que te nuisait elle en vie,
Mort ?
Deux étions et n'avions qu'un cœur ;
S'il est mort, force est que dévie,
Voire, ou que je vive sans vie
Comme les images, par cœur...
Mort !"
Elle ne su qui du mithril noir ou de Grum Toc accéda à sa requête, quand sa face ensanglantée vint atteindre le sol dur et froid du Nordhykan. Mais en revenant à elle, à la surface de Mountyhall, l'éclat de ses yeux arborait une nouvelle teinte écarlate. Elle s'était éveillée tout comme ses dons d'hypnotisme.